jeudi 15 septembre 2011

Petit bilan de 2 mois de voyage et de découverte de l’Argentine

Toujours pas de photos... les connections ne sont pas suffisantes mais un post un peu différent des autres...

Un peu de Paraguay, un soupçon de  Brésil mais en grande majorité, c’est l’Argentine que nous avons appris à connaître. Pour répondre en même temps à plusieurs questions posées par mail ou par commentaires, nous allons essayer de vous donner une idée de la vie pratique de l’Argentine comme nous la voyons. C’est donc partiel et partial… et plus que des images, un peu de lecture…

Un regard sur l’Argentine :

C’est un pays immense, 93 fois plus grand que la Belgique ! Une diversité de paysage, de faune, de flore et de culture incroyable. Et encore, on n’a visité qu’une partie de la Patagonie, la capitale, le nord-est et le nord-ouest. De la jungle à la poussière, du froid à la chaleur et à  la douceur printanière. De l’eau chaude sortant du sol à la neige. Des journées ensoleillées à la nuit glaciale, de la mer aux sommets de la cordelière des Andes. La population est vraiment accueillante à quelques exceptions près.  On partage le maté, la bière, l’assado (barbecue) ,… autant d’occasions de bavardages. On déguste la viande grillée et juteuse avec un bon vin argentin et on termine par une pâtisserie au coin ou au dulce de leche. Dans le nord, on découvre déjà les Tamales (farine de maïs avec viande et oeufs durs en amillotte dans une feuille de maïs) et locro (ragoût au maïs).

Question souvent posée :  le coût de la vie. Pour y répondre, d’abord un point de comparaison et l’évolution. Point de comparaison :  une pension de retraite en Argentine se situe aux alentours de 1000 pesos soit 170€ (on compte environ 6 pesos pour un euro) et un salaire de policier est de 3000 pesos. Une journée d’ouvrier du bâtiment, c’est 60 pesos (10€). Le PIB par habitant de l’Argentine est 3 fois plus petit que celui de la Belgique. Une « maison sociale » se loue aux environs de 200 pesos par mois. Nous laissons le soin aux belgo-argentins réguliers  du blog de nous faire un commentaire complémentaire sur le coût de la vie ;-) Voilà pour la comparaison. Ce qui est déroutant pour nous et dramatique pour les argentins, c’est l’inflation qui est de 15% par an ! Cela veut donc dire que les prix changent énormément. Les cours changent  tous les jours. Les biens et services de valeurs sont fixés en dollars US (voiture, maisons, locations,…). Voulant payer une location d’appart à Buenos Aires en pesos, on a refusé de nous donner le prix exact pour le lendemain en disant que l’on verra à ce moment là ! Pour nous, c’est plutôt une anecdote mais pour les locaux, imaginez ce que veut dire d’une année à l’autre une augmentation de 15% des prix sans augmentation de 15% des salaires.

Les meilleurs morceaux de bœuf coûtent 40 pesos du kilo (un peu plus de 6€ du kilo). Le pain est à 8 pesos le kilo, le litre de bière à 6,5 pesos.  Tout ce qui est électronique par exemple, les voitures,… tout cela est beaucoup plus cher que chez nous. On mange des empanadas pour quelques pesos mais le menu Mac Donald est au même prix qu’en Belgique.

Les sorties de villes sont habitées par des populations très pauvres qui essayent de vivre de la vente de petites choses en rue ou de petits boulots. En constraste, autre figure, celle de la richesse… un nombre important de pick-up flambant neufs, des quartiers ou des rues emplies de boutiques à la parisienne.
L’argentine a connu beaucoup de bouleversements économiques, des crises majeures (les amis de la FOPES se souviendront du currency board ;-)), des privatisations à tout rompre, des infrastructures publiques pas toujours rénovées. Les nouvelles politiques mises en œuvre prennent du temps et ne sont pas toujours conformes aux principes du développement durable. La justice sociale a encore du chemin à parcourir, l’environnement doit être préservé (les étendues pulvérisées par avion, l’élevage intensif,…) la démocratie doit être renforcée ( ce que nous avons parfois entendu en ce qui concerne les pots de vin, les marchés publics réservés à l’entreprise du maire,… sont encore légions). Précision toutefois, il ne s’agit pas pour nous d’être donneur de leçons mais la comparaison objective fait réfléchir. Et ce dans les deux sens, la Belgique aurait aussi à s’inspirer de pratiques argentines comme par exemple l’investissement dans la culture, les marchés locaux et autres halles aux artisans, lieux de rencontre et de commerces de proximité, les lignes de bus rapides performantes et accessibles, ses hôpitaux gratuit pour tous, l’ordinateur offert à tous les élèves par l’état,  etc.

Au travers de tout cela, on retiendra aussi de l’Argentine son niveau de développement malgré tout important qui nous fait nous sentir un peu en Europe… On rencontrera encore tout autre chose en Bolivie par exemple et en Afrique. Le niveau sanitaire est bon, la sécurité est assurée, les réseaux d’eau potable et d’électricité couvrent tout le territoire.  Un accueil favorable au camping sauvage ou au camping tout court.

Et puis, tout simplement, l’argentine, pour nous, ça aura surtout été des paysages magnifiques, des animaux splendides et des rencontres inoubliables.

Deux mois de voyages :
 
Au fur et à mesure de l’aventure, on a pu trouver nos marques. La vie dans la tégécar se passe très bien. C’est petit mais on est toujours chez nous et on peut  dormir où on veut… On a tout ce dont on a besoin même si on se rend encore plus compte du confort de notre quotidien belge (une lessiveuse, une toilette avec planche et porte fermée, plus de 1 m² par personne, la possibilité de pouvoir s’isoler quand on le souhaite,...). On est plutôt surpris du peu de moments difficiles que pourrait provoquer cette promiscuité. Pour le reste, on alterne les moments de route, de repos, de découvertes, de nature, de civilisation, de culture,…  Ce sont des moments privilégiés en famille, autant l’école que la ballade, autant la cuisine que l’observation des baleines,…  tout est l’occasion d’une relation unique en famille. Les enfants nous semblent plus responsables, conscients aussi des différences qui traversent le monde. Pour les adultes, c’est aussi l’occasion de prendre le temps du recul sur la vie, sur ce qui est important et puis aussi, oser gagner une sorte de défi, celui de l’aventure et de l’inconnu qui est devant nous chaque jour…  

On retire chacun de ce voyage beaucoup de richesses : des liens d’amitié avec des belgo-argentins et des argentins de souche mais aussi des européens voyageurs, des manières de voir la vie autrement, des idées de projets insolites, innovants,… on renforce aussi des valeurs pourtant déjà présentes comme l’importance de l’égalité pour le développement de tous et pas seulement de certains, la valeur de l’eau, l’importance de la préservation de la nature, l’influence des actes posés sur l’environnement et sur les populations locales, l’importance de reconnaître la culture de chacun, de se nourrir des cultures de chacun pour le bien de tous. Etre conscient et ne pas oublier le poids du passé. Voir encore aujourd’hui l’impact des colonisations et des dominations économiques qui rendent si lointains le bien-être pour tous.  

La tégécar se comporte bien. On a un petit twist électronique, épisodique qui est peut-être dû au carburant mais on n’est pas certain. Pour les dernières craintes évoquées à Jujuy, elles étaient sans doute plus liée à notre rythme ce jour là… Qui veut voyager loin ménage sa monture… Depuis que l’on est plus « tranquillo » dans les ascensions, elle a grimpé partout, malgré son lourd chargement, sans aucun souci. Parfois plus d’inquiétude que de raison… 

Donnons maintenant la parole à chacun sur ces deux premiers mois

Thomas :

J’ai aimé les singes, les palmiers, les crocodiles, l’hélicoptère, les montagnes, les cactus, les églises, les baleines.

Je n’ai pas aimé manger les cacahouètes sans le savoir (ndlr: il est allergique) , la pollution, l’école.

Elodie :
 
J’ai aimé voir des chevaux en liberté, rencontrer des gens et des voyageurs, parler espagnol, découvrir des choses, regarder les « cités d’or », manger de bonnes choses, aller dans un hélicoptère.
 
Ce que je n’ai pas aimé: toute la pauvreté, voir des déchets à la sortie des villes, cuire les oignions car ça pique aux yeux, me réveiller tôt (ndlr : 9h ;-)), finir le pot de nutella et le chocolat Côte d’or.   

Gwen :

J’ai aimé :
Le spectacle fascinant des baleines à Valdes,
La promenade en bateau au Parc Esteros del Iberia, et ses crocodiles, serpents, oiseaux de toutes les couleurs, …
Les paysages magnifiques de la montagne aux 7 couleurs,
La richesse des rencontres et des partages avec les autres voyageurs, avec les anciens voyageurs qui nous accueillent chez eux et avec les Argentins qui nous font partager leur culture, leur vie,
Voir nos enfants grandir, et partager avec eux des moments privilégiés, des jeux, de grandes discussions, des éclats de rire,
Découvrir que nous sommes capables de nous adapter avec autant de facilité à un autre mode de vie, si différent de la vie que nous nous sommes construit pendant tant d’années.
 
Je n’ai pas aimé :
Les bidonvilles qui bordent les grandes villes,
Les déchets qui, à certains endroits, jonchent le sol, et s’accrochent aux arbustres, balayés par le vent,
Faire la lessive dans la rivière d’eau glacée,
Me réveiller la nuit avec le nez gelé et une couche de glace sur les parois de la cellule.

Etienne :

Outre ce que j’ai déjà écrit sur le blog depuis 2 mois… mes lieux préférés ont été les marais d’Esteros del Ibéria, Iguazu et les montagnes colorées du nord-ouest. La vue des animaux en pleine nature est un très bon souvenir. J’aime les bivouacs au milieu de nulle part. J’ai adoré toutes les rencontres surprenantes et nos deux mini-séjours à Mar del plata et San javier. J’aime découvrir. Ne pas avoir X réunions sur la journée, avoir simplement le temps… même s’il passe vite. J’aime vos commentaires et mails toujours plus nombreux.  J’apprécie que nos soucis ne soient tout compte fait que petits (pas de problème majeur de santé par exemple). Je n’aime pas les problèmes de voiture quand il y en a.  J’adore le regard de nos enfants quand ils s’émerveillent…  j’aime vivre cette expérience familiale, ce projet de couple…  

Ce que j’aime le moins ? On dira : la douane de Buenos aires et les policiers d’Entre-rios, les chiens qui nous ont foncé dessus dans la montagne, quand Thomas mange une cacahouète, quand l’intérieur de la tégécar se transforme en glaçon géant pendant la nuit.  Mais par-dessus tout, ce que j’aime sans doute le moins, c’est  l’éloignement de nos amis et familles… ne pas être là quand un ami fait un infar, quand on pourrait passer une soirée entre amis, rater le mariage d’un autre, les naissances que l’on fêtera plus tard, etc.

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2 commentaires:

  1. Coucou,

    Moi ce que j'aime c'est vous lire, voir par vos yeux des paysages, des lieux, des animaux... que je ne verrai jamais de mes propres yeux, des rencontres riches et fécondes que je ne connaîtrai jamais....

    Ce que je n'aime pas c'est ce que j'imagine ou que je lis entre les lignes et qui n'est pas très beau comme la pauvreté par exemple...

    Pour les problèmes cardiaques... je n'ai plus l'intention d'en faire ! , pour les mariages : il n'y en a plus en vue pour le moment et pour les naissances... promis je vous présenterai Esteban et ma petite-fille qui naîtra à Noël ...lol... mais ce n'est certainement pas à eux que vous faisiez allusion !

    Toujours très contente de vous lire....

    Bisous à vous 4

    Martine V

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  2. Hola mes amis, très bon rapport...mais il y a tant à dire! J'ai remarqué qu'il n'y avait que Elodie qui a aimé l'hélicoptère.(?)
    Etienne, tu me tends une perche comme un bois de mine!
    Hier, j'ai lu ceci dans le journal argentin:
    "El organismo fijo en $609,5 la canasta de indigencia familiar y en $1347 la del pobreza.
    El INDEC calcula que un argentino puede comer con 5 pesos por dia."
    Traduction: " L'organisme a fixé à 609,5 pesos le panier de la famille et à 1347 pesos le seuil de pauvreté.
    L'INDEC calcule qu'un argentin peut manger avec 5 pesos par jour."
    Voilà, tu vois les statistiques sont les mêmes qu'en Belgique!
    Mais ce qui me choque, ce sont les 5$ par jour. Là, il faut m'expliquer!
    A part çà, vous continuez sur votre lancée et pour appuyer ta remarque (dans ton texte): arrêtes le Red Bul, je t'avais déjà prévenu! Mais il est vrai qu'il faut du temps pour faire partir le stress accumulé pendant des décennies.
    Donc, le Tégécar fait son possible.Bonne route en Bolivie.Besos, Nini y JC.

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