Pour rejoindre la côte est, nous hésitons sur l’itinéraire. La route de Rio Gallegos est asphaltée mais nous rajoute plus de 300km. La route 9 est en ligne droite mais serait un mauvais ripio de 200km. Pour prendre la bonne décision, nous interrogeons la police qui nous indique une troisième solution : remonter la RN40 sur 130 km jusque Tres lagos et ensuite la route de l’est, la RP 288, qui rejoint Commandante Luis Piedrabuena. Ils nous disent que l’intérêt est que cette RP 288 est un ripio sur 30 km mais que les 190km suivants sont asphaltés. Au total, nous ferions un détour de plus de 130km mais par une route bien meilleure. Décision est prise, on y va. Malheureusement, l’asphalte n’est point venu… plus de 200 km de ripio, merci à la police pour cette bonne information… Ce sera la première mauvaise surprise de cette nouvelle transhumance.
Bivouac à Piedrabuena et le lendemain, découverte du parc national Monte Leon (voir message suivant). Nous remontons la côte sur 200km environ pour bivouaquer sur la playa mina à 20 km au nord de Puerto San Julian.
Nous observons une fuite de liquide de frein que nous ne pourrons réparer seuls. Nous redescendons sur Puerto San Julian où nous serons dépannés par un mécano-artiste. Une fissure dans un tuyau d’arrivée de liquide de frein oblige son remplacement. Il ne trouvera certainement pas la pièce de rechange ici, alors, il l’a construit avec du cuivre, renforce le tout avec une membrane semi-rigide. Il fait son possible pour nous dépanner au plus vite. Il n’y a pas à dire, ils sont débrouillards et accueillants ! Pour la cause, il est persuadé que c’est le ripio. Pour notre part, nous avions justement croisé une semaine auparavant un couple français ayant eu le même problème sur son Land. Fragilité du Land ou maladie du ripio ?
Etape de plus de 400km au programme pour rejoindre les alentours de Commodoro Rivadavia. Nous comptons passer la nuit à Tilly (ça fait longtemps- les belges comprendront) ou plus exactement à Villa Rada Tilly.
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Ici, c'est la région du pétrole. On trouve des pompes tout le long de la route. |
15 km avant l’arrivée, bruit suspect. Une rondelle de retenue d’un amortisseur à tube s’est volatisée alors que le boulon de retenue est toujours en place. Résultat : notre amortisseur pendouille dans le vide et frotte contre la roue… Bricolage de fortune pour les derniers kilomètres. On le sait, rien de grave, il suffira de passer dans un garage pour remplacer le silent bloc et mettre une nouvelle rondelle sous l’amortisseur. Notre nouveau rythme de voyage serait-il de passer la matinée au garage et de rouler l’après-midi ? Le temps n’est pas perdu, l’école et le garage font bon ménage.
Nouvelle étape de plus de 400km pour rejoindre Trelew ou plus exactement sa côte, Playa la Union. La loi des séries aura-t-elle décidé de s’arrêter ? Malheureusement non. En arrivant, le turbo (que l’on sait être la seule vraie pièce défectueuse depuis Santiago et que l’on compte réparer ou remplacer en Europe) fait un vacarme assez inquiétant. Nous avions décidé de prendre le risque de continuer comme cela mais il vaut mieux aller reconsulter un spécialiste. Chose faite à Trelew. Diagnostic confirmé, rien de dangereux mais si ça lâche, on aura une sérieuse perte de puissance. Selon eux, seule possibilité de réparation, le remplacement de la pièce. Seulement voilà, les importations sont bloquées en Argentine et ce modèle de turbo n’est pas disponible à part peut-être dans le réseau officiel Land Rover, le plus proche se trouvant à Buenos aires. Heureusement, le bruit est reparti, on prendra donc notre mal en patience pour cette remontée dont le nombre de kilomètre diminue de toute façon. Il en reste moins de 1500 ;-)
A Trelew, après la tournée des garages, nous allons visiter le musée paléonthologique. Au retour, nous récupérons la Tégécar en étant surpris de voir que la porte conducteur ne s'ouvre plus avec la clé et puis, on voit que la porte est ouverte. Et oui, un voleur est passé par là. L'alarme a dû le faire déguerpir car rien n'a été volé. Seul dommage, une serrure cassée. Ca commence à suffire !
Nous rejoignons Punta Ninfas, pointe se trouvant juste en face de la péninsule de Valdes, lieu où nous avons rendez-vous avec Adrien et Marylène. Nous avons commencé le voyage en récupérant nos voiture par le même bateau et nous ré-envoyons nos voitures ensemble mais cette fois dans le même container, grosse économie pour tout le monde et plaisir de se retrouver.
Après une première nuit passée sur place, sous le vent de Patagonie, Adrien et Marylène nous rejoignent. Nous trouvons un bel endroit pour ce bivouac en pleine nature. Le soir, il commence à pleuvoir quelques gouttes qui n’arriveront pas à gâcher nos retrouvailles. Sauf que vers minuit et demi, l’eau monte de manière assez impressionnante, autour de la voiture d’Adrien surtout. Il est dans une cuvette et on se rend compte que toute l’eau tombée dévale vers nous, forme une rivière qui passe sous la tégécar et s’installe durablement autour d’eux. Adrien essaye de voir s’il peut bouger mais ce n’est pas possible, il est scotché au sol ! Heureusement, on arrive à agrandir la zone d’évacuation de l’eau vers la falaise. En peu de temps, l’eau descend pour se stabiliser à environ 20 cm de profondeur. L’eau ne montera pas jusqu’à sa tente de toit, c’est déjà ça même si la tente installée pour le souper est sous eau. On finira la nuit avec un œil ouvert surtout Adrien, ce qui lui laisse le temps de pouvoir imaginer la suite des évènements, il est prêt pour l’écriture de scénari de film d’aventure. Tout y passera de la montée des eaux d’un mètre en 5 minutes au glissement de terrain …
Le lendemain matin, séance thalasso… C’est la gadoue complète ! Première étape : sortir les véhicules de là, les mettre sur le dur. La seconde étape sera de rejoindre la civilisation qui se trouve à 80 km de là. Je bouge la tégécar qui est la plus proche de la terre ferme mais c’est la savonette. Avec les plaques de désensablage, je m’en sors mais ça laboure bien le sol. Je positionne la tégécar au mieux pour treuiller Adrien. On installe nos plaques respectives, des tôles trouvées sur place, etc… et ça marche.
Heureusement que ce n’était pas l’inverse car avec son poids, ça aurait été certainement plus difficile de sortir la tégécar de là. Heureusement que l’on était deux car seuls, Adrien et Marylène étaient bon pour espérer le retour du soleil pour qu’en quelques jours tout cela sèche…
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Treuillage, plaques, pelles,... |
Pour la seconde étape, quitter les lieux, on attend au maximum que le sol sèche. La principale difficulté visible est de passer une zone boueuse de plus de 30m. On a pris le temps d’analyser au mieux le passage pour éviter à tout pris de s’y planter. Un peu avant 16h, on tente l’opération et on passe tous les deux. Ouf ! Les 15 premiers km de pistes de terre ont été scabreux, des passages d’eau impressionnants que nous avons passés en force, pas d’autres choix. Le ripio est devenu bien plus praticable pour les 60 km suivants. Nous étions contents d’arriver à Puerto Madryn. En tout cas, sans 4X4, on ne sait vraiment pas comment nous aurions pu faire pour sortir de là… Ils sont crados mais ils ont pu démontrer leur force de passage sur ce qui restera toujours difficile, la boue !
Et oui, c’est aussi tout cela l’aventure…
Rassurons tout de suite tout le monde. La série noire en est restée là. La remontée entre Puerto Madryn et Buenos Aires par l’interminable Nationale 3, qui est quasi toute droite sur près de 1500 km, s’est passée sans soucis. Premier bivouac à Las Grutas où nous avons revu des perroquets. Deuxième bivouac en bordure de la ville agricole de Tres Arroyas. Arrivée ensuite à Buenos Aires. La Tégécar nous a menés à bon port. C’est avec un fameux pincement de cœur que nous allons la laisser partir vers la Belgique. On se retrouvera dès notre retour pour de nouveaux bons moments ensemble, promis !
Notre dernière nuit dans la Tégécar vient d'avoir lieu exactement au même endroit que la première, à Puerto Madero, au centre de Buenos Aires. Une boucle est bouclée, une autre aventure commence.
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